Back in black (tc Bloody Eagles)

Back in Black
((atmosphere))

Y avait-il eu des signes ? Aurait-il pu le pressentir ? Ce matin-là, en émergeant du sommeil, rien ne laissait supposer que l'aube se lèverait sur la bourgade texane privée de Kale Turner. Car même les journées les plus singulières commençaient avec l’ascension familière du soleil.

Arraché à la tiédeur de ses draps par la sonnerie perçante de son smartphone, Austin avait vu le nom du président clignoter sur l'écran. La voix grave et résolue qui s'en était échappée lui avait annoncé un départ précipité pour Stormfield, cette ville voisine où leurs couleurs avaient trouvé un terreau fertile pour éclore. Porté par une détermination inébranlable, Kale avait pris cette décision seul, sans en informer aucun des membres du club. Un projet mûri dans le plus grand secret, où chaque nuance avait été minutieusement pensée, mais dont la révélation fut aussi brusque que le lever du jour. L'aigle n'avait pas jugé utile de préparer le terrain ni de divulguer ses intentions à l'avance, probablement pour écarter toute objection face à ses aspirations grandioses.
Il confiait désormais la tâche au dévoué texan de rassembler l'intégralité des Bloody Eagles pour leur dévoiler ce projet fraîchement initié. Une responsabilité immense, car ce départ, loin d'être une simple absence temporaire, s'étendrait sur plusieurs semaines, voire plusieurs mois, sans date de retour programmée. Kale allait s'immerger dans ce nouvel environnement, porté par la vision de développer et d'enrichir les couleurs des Bloodys dans la terre fertile de Stormfield.

Cette mission se muait alors en un rite de passage, une épreuve par laquelle Austin devait passer pour revêtir l'autorité et porter la vision du président en son absence. Le quadragénaire avait donc convoqué tous les membres au Bloody Counter, lieu sacré de leurs réunions et cœur vibrant de leur fraternité. Une fois le message envoyé, il s'était préparé mentalement à partager la nouvelle et à prendre le pouls de ses frères d'armes.
La tâche n’était pas aisée après cinq années d'incarcération. Le monde avait continué à tourner, les visages familiers avaient changé, les rangs s'étaient renouvelés. Cette réunion marquait à la fois le début de ses nouvelles responsabilités et ses retrouvailles avec ceux qu'il n'avait pas vus depuis longtemps. Certains, figures emblématiques, et d'autres, jeunes recrues, allaient redécouvrir un Austin forgé par l'épreuve et plus déterminé que jamais. Le visage de Malone Sullivan se matérialisa dans son esprit, lui extirpant un sourire. Cela faisait des siècles qu'il n'avait pas vu sa caboche blonde.

Lorsqu'il franchit les portes du Bloody Counter, ses prunelles cristallines s'ancrèrent instantanément dans celles de Tig. Il savait que la loyauté et la fraternité prévaudraient, et que malgré les tensions antérieures, son ami se tiendrait à ses côtés pour cette nouvelle épreuve. Lorsqu'il atteignit sa hauteur, il posa une main assurée sur son épaule, exprimant à la fois salut et reconnaissance. La salle principale, voilée d'une légère pénombre, se remplissait progressivement de rapaces. Le murmure des conversations, mêlé à l'odeur familière de tabac et de cuir, enveloppait l'espace d'une aura à la fois chaleureuse et solennelle. Immobile, le quadragénaire scrutait chaque visage entrant dans le pub. Alby Forsyth fut l’un des premiers à passer devant lui, et sans un mot, le texan leva la main pour échanger un check familier. Quelques instants plus tard, Clyde fit également son entrée, et il ne put résister à l'envie de lui offrir une chaleureuse tape dans le dos. « Tout le monde est là ? » souffla-t-il discrètement à Tig. Il souhaitait s'assurer de la présence de tous avant de prendre officiellement la parole.

avec @Bloody Eagles

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Le silence accueille sa perplexité d’entrée. La réunion réclamée par Austin, ne dispose pas encore d’objet concret. Tig peut toujours tenter d’anticiper les raisons se planquant derrière ce rassemblement - besoin de revenir plus officiellement, de retrouver l’ensemble du groupe et de pouvoir s’y réintégrer sans difficulté mais aussi de faire le point pour mieux poursuivre leurs activités. Rien d'anormal ou d'illogique en soi. L’établir mentalement n’apaise pourtant pas ses pensées désorganisées. La seule idée d’une nouvelle assignation, d’un énième plan pouvant remettre son neveu face au péril, lui noue l’estomac. Chaque pas vers l’avant l’implique de plus en plus dangereusement. Trop jeune pour crever pour eux, trop insouciant pour avoir une vision claire et lucide sur ce que son engagement pourrait lui coûter. Le déroulement des dernières opérations tend à lui donner raison à ce propos. L’appréhension s’est décuplée depuis qu'il est revenu blessé. Dix ans qu’il a creusé son trou ici, plus de 3650 jours passés à s’inquiéter à son sujet et toujours aucune solution pour rendre ce choix digeste de son côté. Que fera t-il le jour où on lui annoncera son décès ? Des préoccupations personnelles que le sergent d’armes cherche à étouffer. Dévoué à sa tâche, il ne peut s’autoriser la distraction. Cerbère posté à proximité de l’entrée, il se fait gardien des enfers, s’assure que chaque diable rejoint son siège et qu'aucun indésirable ne se glisse parmi les invités. Chargé de la sécurité, il reste solennellement en place, n’adresse qu’un signe poli aux nouveaux arrivants.

Quand la silhouette d’Austin finit par découper le décor, il sort de son rôle de figuration pour aller à sa rencontre. Le geste posé se veut amical, resserre un lien qui s’est effiloché entre les silences et les ratés. Tig se contente de le recevoir sans le commenter, plaçant leurs différends (comme trop souvent) au second plan. « Il manque encore quelques personnes. » L’œil s’attarde sur les personnes présentes, part en quête d’un visage bien particulier. Il espère encore ne pas le croiser (comme si ça pouvait encore être une possibilité). Son attention défaillante se reporte à la suite sur son frère. Les traits se durcissent sous l’incertitude. « Rien de grave ? » Économie de mots nécessaire, le volume de la voix suffisamment bas pour que personne ne puisse entendre. Il invite son comparse à une confidence prématurée. Une négation ou une affirmation seule suffirait pour l’instant. Le reste des explications viendrait une fois que tout le monde serait installé et prêt à l’écouter.

avec @Bloody Eagles

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Charriant derrière lui l'odeur chargée de l'alcool et des excès de la veille, Clyde franchit les portes du Bloody Counter suivi de près par son acolyte. Un cocard au coin de l'œil gauche, les phalanges légèrement abîmées et une légère douleur à l'épaule blessée qui tiraille encore malgré le mois et demi de convalescence ; les soirées avec Mal, en plus d'être arrosées, sont toujours mouvementées. Derrière lui, le rectangle de lumière illumine le bar. Il a le sourire en coin de celui qui n'a pas tout à fait atterri et l'œil pétillant de conneries. La porte se ferme plongeant l'établissement dans sa pénombre habituelle. Démarche assurée et cuir sur le dos, il s'imagine intouchable quand il salue les quelques habitués d'un signe de tête, avant de se diriger vers l'arrière-salle, où les secrets des aigles se tissent dans d'interminables réunions. Avant d'entrer dans l'arène, Clyde se tourne vers son ami lui décrochant un clin d'œil. Un de ceux chargés de complicité, évoquant les derniers souvenirs partagés, mais aussi en signe de soutien pour affronter les regards réprobateurs qu'ils ont l'habitude de déclencher.

Les chaussures rougies par le sable du désert où le soleil les a vus s'entraîner au tir au petit matin, laissent des traces sur le parquet vieilli lorsqu'il s'approche du Vice Président. Content de te revoir ici. Il est enjoué le gosse de voir son mentor reprendre place au sein de sa deuxième famille. Il s'y sent immédiatement un peu plus chez lui. T'as meilleure mine. Durant toutes ces années passées derrière les barreaux, Clyde s'est persuadé qu'Austin s'en sortirait indemne, et même s'il n'a pas laissé le doute percer cette conviction, il est rassuré de le voir se tenir auprès d'eux aujourd'hui. Fier, il laisse la main de celui qu'il considère comme un second oncle, le gratifier.

Un bref mouvement de tête pour Tig, les entrailles grouillant encore de rancœur, puis le regard fuit vers le reste des Bloody. Toujours avec le sourire qui illumine le faciès et malgré la voix légèrement cassée, il les salue un à un. Ses frères. Jusqu'à Alby, cet enfoiré. La mâchoire se serre et pas un geste n'est fait en sa direction. Pendant un instant, il hésite à le contourner sans un mot, mais il a la rancune tenace et ça lui brule les lèvres. Rappelle-moi qu'il ne faut jamais compter sur toi, il murmure en écho à ce que ce dernier lui a répondu dans la voiture ce soir-là à propos de Sierra.

En quelques pas il s'éloigne, conscient qu'il vaut mieux s'en tenir là pour aujourd'hui. Ni le lieu, ni le moment de chercher la confrontation. Enfin, il se laisse tomber de tout son poids sur l'une des chaises qui entourent la table en bois sculpté à l'effigie du club. Kale n'est pas là ? Il demande innocemment tandis qu'il colle une cigarette entre ses lèvres.

avec @Bloody Eagles

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Pour que tout le monde soit convié, ça sent la réunion de crise. J’aurais adoré me débiner alors que la simple idée de revoir Kale me révulse. Mais… mais.
Il vaut peut-être mieux le croiser dans un endroit bondé que risquer le moindre face à face avec lui. La seule personne que je suis autorisé à démolir sera consentante puisque c’est elle qui m’a imploré de revenir dans la cage en septembre. D’ici là, aucune incartade ne me sera permise, même pour celui qu’on a nommé président. Kale finira par tomber, je m’en suis fait la promesse. Mais seulement quand je serai certain qu’il ne m’entraînera pas dans sa chute. Et ça aussi, je l’ai promis. A moi-même et à Nell. Partager ma haine et mon désir de vengeance avec elle rend leur poids plus facile à porter. Et sans me faire atteindre la paix intérieure, notre nouvelle relation fait au moins office d’accalmie dans ma quête contre le (les ?) meurtrier de Jeremy. L’état amoureux est une distraction suffisamment consistante pour me convaincre de garder mes oeillères encore un peu.

Flanqué de Marcus, je rejoins l’atmosphère familière du pub. Woody m’entraine alors dans la ronde des salutations, ouvrant le bal des poignées de mains et autres accolades selon qui se dresse devant moi. Tig le premier, la ride qui marque son front étant le meilleur des indicateurs. Quelque chose cloche et bizarrement, je ne suis pas pressé d'en connaître les détails.
Mes lippes s’étirent en entrechoquant mon poing avec celui d’Austin. Pour avoir moi aussi goûté à la captivité, je sais qu’il n’existe pas meilleure sensation que celle de recouvrer sa liberté. Finalement, ce n’est pas lui qui retient mon attention – ni même Kale dont l’absence me donne un peu trop d’espoir –, mais bien Clyde. Cela fait plusieurs secondes qu’on aurait dû prononcer quelque chose ou au moins esquisser un mouvement mais le temps s’écoule sans qu’il ne se passe rien. Et si j’avais des doutes sur l’attitude à adopter face à lui, sa remarque les font tous tomber. Fils de chien. Ce n’était pas lui qui était censé me faire retrousser les babines.
« Et toi, rappelle-moi de te laisser te démmerder tout seul la prochaine fois que tu te feras tirer dessus », je murmure sans chercher à le retenir davantage. On lavera notre linge sale ailleurs qu’en public. Le plus tôt sera le mieux. Alors si Kale pouvait se dépêcher de se pointer pour nous expliquer ce qu’on fout là…

avec @Bloody Eagles

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C'est avec un sourire bienheureux sur les lèvres que Woody a rejoint son ami de presque toujours, Alby. Il a beau se douter que le sujet de cette réunion sera terriblement sérieux, il ne peut s'empêcher d'afficher son contentement. Il prend toujours un plaisir un peu idiot à retrouver ces mêmes têtes qui animent sa vie depuis plus d'une décennie. Il n'est pas insensible aux épisodes plus compliqués. Seulement en appuie solide sur ses deux pieds. Il en faudrait beaucoup pour les faire vaciller lui et sa confiance absolue en ce club et ses membres. Alors il garde le sourire. Quand il rejoint Alby. Quand ils entrent dans le bar déjà bondé. Quand il fait le tour pour saluer un maximum de personnes. Il ouvre la marche. Satisfaction évidente d'être de retour au bercail après une absence de quelques semaines. Ca sent l'alcool, le tabac froid, le cuir et la sueur. C'est comme ça qu'il sait qu'il est de retour à la maison. Qu'il est précisément là où il est supposé se trouver.
Et il assiste de loin aux échanges entre Alby et Clyde. Là encore, sourire idiot sur les lèvres. Parce que les prises de tête entre frères ne sont jamais très importantes. Selon lui. Qui ne connaît et ne comprend pas le principe de toute façon. Woody s'éloigne parce qu'il ne prend jamais parti et que ça l'intéresse pas tant de savoir ce qui se passe entre eux. Il ne connaît probablement pas tous les détails et ce n'est pas plus mal.

La ronde des salutations terminée, il tire une chaise à lui pour s'installer aussi sagement que possible. En tout cas autant qu'il en est capable. Bientôt, le regard glisse en toutes directions. Lui aussi a remarqué le grand absent. Difficile de faire autrement. Un président ça ne passe pas inaperçu. Alors à moins qu'il ne soit juste très bon au jeu de cache cache, il est aux abonnés absents. Et c'est pas le seul à en faire le constat. Ca souffle son nom. Ca interroge. Il prend pas la peine de le faire lui-même. Il se contente d'attendre une réponse. Qui, si elle n'arrive pas directement de Kale qui finirait par se pointer, arrivera bien de son VP. Alors c'est sur Austin que se pose ensuite le regard du tatoué. Et lui il a tout l'air d'avoir un paquet de trucs à dire. De là à deviner s'il va s'agir de bonnes ou de mauvaises nouvelles...

avec @Bloody Eagles

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Les non-dits sont parfois plus parlant que les mots eux-mêmes. Le petit sourire au coin des lèvres, un œil complice bien qu’encore sous les effets d’une substance dont il ne citera pas le nom, une légère balafre couvrant le haut de sa pommette, laissant le sang coagulé séché sur cette dernière. Il a l’impression d’être encore complètement sous l’alcool qui ne se mélange que trop rarement correctement avec le reste de ses ébauches nocturnes. Mais cette fois n’est pas coutume, Clyde était avec lui, pas comme dans un mariage où l’on se souhaite de rester présent pour le meilleur et pour le pire, mais tout comme s’il y avait une phrase similaire en amitié. Il laisse Clyde passé devant lui pour entrer dans le bar, pas n’importe lequel, pas un lieu au hasard comme ils ont pu le faire hier soir, mais celui du QG cette fois. Pas la même ambiance, pas le même sentiment d’avoir envie d’aller mettre la misère au premier gars qui se pointe devant lui, non, ici c’est la maison, c’est le respect des autres et de ses frères avant tout.

Heureux à l’idée de retrouver Austin fraichement sorti de l’ombre, il le salue brièvement derrière son compatriote en restant toujours un peu en retrait. Bien que sa place se soit faite avec les années, être un Bloody reste quelque chose à prouver de manière régulière pour Mal. Il salue les autres, et entend brièvement les paroles de Clyde envers un Alby qui semble tout aussi en rogne que lui. Un sourcil haussé, amusé de voir autant de tension entre les deux membres, c’est avec un grand naturel qu’il lâche : « Jeu de main, jeu de vilain ! Vous irez jouer plus tard à qui possède la plus grosse. » Souriant, fier de ses bêtises, il salue Alby dans la même attitude enjouée. « Je veux un debrief, j’aime connaitre les ragots ! » Qu’il lui murmure en retournant près de Clyde en lui donnant un petit coup de coude en arrivant à sa hauteur. « Il me faudra bien les deux versions de l’histoire, si tu veux te défendre. » Qu’il enchaine, ajoutant une couche sur un terrain déjà bien trop dangereux. Il attrape une chaise, la retourne et prend place en appuyant ses coudes sur le dossier, retire enfin sa casquette pour laisser apercevoir sa tignasse blonde. Attendant désormais l’arrivée de leur président, ou quoi que ce soit d’autres qui donnerait des infos sur leurs présences à tous aujourd’hui.


avec @Bloody Eagles