Nicola Atkins - dust in the wind

"Don’t ask if I’m happy, you know that I’m not,
but at best I can say I’m not sad"
((atmosphère sonore))



Don't try to cry your way out of this

Ça ne tient parfois à pas grand-chose, le chaos. Des décisions erratiques, des prises de parole hasardeuses. Un mot de trop, un silence gêné. En plongeant dans ses yeux lagons, on aurait pu lire chez Nicola quelques regrets, balayés d’un revers de la main. Des bribes de souvenirs percutés par la vie. De l’imposture de sa jeunesse, planquée dans les jupons d’une mère indifférente, aux balbutiements d’une vie d’adulte tartinée de frustrations.
Sa prime enfance, elle l’a passée ici, à Clifton. Un père banquier à l’ambition dévorante. Un couple de géniteurs bercé par les apparences, panier percé vivant au-dessus de leurs moyens. Des rêves de grandeurs inatteignables, des sourires de façade. Première née, Nicola a dû donner le change. Ses mimiques charmantes, ses airs de poupée. A peine en âge de courir, qu’on l’a perché sur des talons hauts, pour l’exposer sur les podiums. Mini Miss Texas, six ans à peine, maquillée comme un camion volé. Ses ongles peints qu’elle dévore jusqu’à la peau, l’anxiété d’avoir à être une autre, polie, sage, talentueuse. Celle qui ne veut qu’être une gamine ordinaire, trainée d’Austin à Houston, de Dallas à El Paso. L’enfant-trophée, baladée aux grès d’ambitions superficielles. Ce qu’elle veut, personne ne s’en soucie. Ne comptent que les médailles et le flash des photographes.

La poupée s’est muée d’elle-même. Jetant sa couronne au sol, piétinant son écharpe d’une rage indécente. Sa vraie nature poussée vers la sortie, sous les hurlements d’une mère privée de son instant de gloire. Son pantin a cessé de l’être, bien décidé à regagner Clifton et d’y rester, cette fois. L’attention démesurée dont Nicolas faisait l’objet est reportée sur ses cadets. Tous ne sont pas encore nés, mais ceux-là ont déjà goûté au sentiment d’être invisible, relégué au rang des figurants. Nicola, égoïste, s’en fiche pas mal. Elle, elle souffle enfin.


Searchin' through the dust, lookin' for a sign

La voiture file vers le sud à toute allure. Vite, trop vite. Cheveux aux vents, l’adolescente sur le siège passager hurle d’un rire exalté, sourire étiré d’une oreille à l’autre. Elle ouvre une bière qu’elle enfile d’une traite avant de balancer la canette par-dessus son épaule. Qu’elle est loin, la gamine sage au minois charmant. L’adolescente a des courbes de femme et le caractère affirmé qui va avec. Loin d’être docile, elle ternit l’image parfaite que ses parents se tuent à renvoyer. Eux s’amusent à duper leur monde, petits bourgeois vivants au-dessus de leurs moyens. Nicola, elle chante à tue tête, fume, boit, danse jusqu’au petit matin, provoque l’autorité, crache sur les mensonges de ses parents. Elle laisse quelques jurons filer quand le flic qui les arrête veut contrôler son identité. L’haleine alcoolisée la fait terminer sur le siège arrière d’un vieux coucou froissé, menottes aux poings. L’engueulade est mémorable. Le trajet du retour, la punition interminable. Les yeux qu’elle lève au ciel jusqu’à s’en faire péter le crâne. Elle en a marre, Nicola, d’être celle qu’on voudrait poser dans un coin. Sa crise d’adolescence revêt davantage de la crise existentielle.

À ses seize ans, elle demande l’émancipation. Se dégote un boulot de serveuse dans un bar local et termine le lycée dans l’indifférence générale. Son entrée à la fac tient presque du miracle. C’est pas qu’elle est bête, Nicola, c’est qu’elle est dissipée. Voudrait tout et son contraire, s’amuser, se faire du fric, baiser, dormir, picoler. Faire des choix, c’est pas son truc. Elle veut tout, en particulier ce que les autres ont qu’elle n’a pas.


Will you still love me tomorrow ?

C’est donc, ça, voir son monde s’effondrer sous ses pieds ? Ça fait l’effet d’une gifle, ça colle le vertige. Elle a les yeux perdus dans le vide, les pensées qui se bousculent. Et autant de questions qui se pressent sur ses lèvres. Et moi, dans tout ça ? Il semble qu’à trop avoir marqué sa différence avec les siens, ils aient choisi de faire sans elle. La vingtaine à peine effleurée qu’elle doit apprendre à naviguer en solitaire. Si Nicola a toujours clamé son indépendance, elle avait malgré tout son gilet de sauvetage. Elle savait qu’en dépit de tout, elle n’aurait qu’à rentrer à la maison pour laisser passer la tempête. Mais désormais, elle jouerait les équilibristes sans filet. L’escroquerie n’avait que trop durée. Maman et papa s’étaient forgés une réputation basée sur du vent, et celui-ci venait de tourner. À Nicola d’hériter la charge de ceux qui voudraient rester à Clifton. Aux autres, un nouveau départ en Californie. Nicola, chargée de famille. Pas même foutue de s’occuper d’elle-même.
Une main se pose sur la sienne. Maigre réconfort qu’elle sert timidement, comme une vaine main tendue pour remonter à la surface. Ses yeux glissent sur l’homme à ses côtés. D’un geste simple, il la rassure de sa présence. Il n’ira nulle part, qu’elle se dit, soulagée. Pour la première fois heureuse d’avoir quelqu’un.

Trois mois plus tard, un genou à terre, il jure de rester jusqu’à ses vieux jours. La bague ornée à son doigt ne vaut rien mais les promesses sont d’un réconfort bienvenu. Le mariage est précipité, deux amants qui se connaissent à peine, qu’une union vient rapprocher pour un temps donné. Des engueulades à n’en plus finir, des retrouvailles sur l’oreiller. La passion dévorante et toxique d’un couple chancelant depuis ses premiers instants.


I'm only halfway home, I've gotta journey on

Et puis vient le couperet final. La lame enfoncée dans le dos, telle l’ultime affront d’un lâche. Disparut sans un bruit pour plus jeune qu’elle. L’autre a la moitié de son âge. La tentation suprême d’un homme percuté de plein fouet par la quarantaine. Il se barre un matin pour ne plus jamais rentrer, quelques lignes couchées sur le papier en guise d’explication. Nicola ne tarde pas à découvrir qu’il a vidé leur compte en banque, hypothéqué la baraque. Elle est ruinée, endettée, remplacée par une poupée qui va jouir de son époux et de son fric. La fureur qu’elle exprime d’un hurlement suffit à glacer le quartier. La vaisselle s’écrase contre les murs, les chaises s’envolent d’un geste de colère. Elle détruit des souvenirs, brûle les fringues laissées derrière lui, fait disparaître son alliance. Et se voit bientôt contrainte de tourner la page. La maison saisie, la voiture confisquée. Son nouveau départ se fait entre les quatre murs d’un mobil home. La déchéance est totale. Elle relève pourtant la tête. Elle en a connu d’autres, Nicola. Native du coin, elle compte exploiter chaque opportunité. C’est dans le sang qu’elle voit l’occasion d’éponger ses dettes. Celui des bikers qui, un soir, portent l’un de leurs frères aux blessures superficielles. Aux visages familiers de ceux qu’elle connaît depuis les bancs de l’école, elle n’ose pas fermer la porte. Quelques points de suture qui en appellent d’autres. De discrètes procédures médicales, son expertise mise au service des hommes, quand bien même elle a toujours préféré la compagnie des bêtes. Doucement, elle se refait. Remonte la pente et réduit le gouffre financier dans lequel elle s’est retrouvée plongée.

Bienvenue à Clifton

Quelle femme toute en complexité, j'ai adoré la découvrir ici et j'ai encore plus hâte de la découvrir au fil des RPs. C'est exactement ce genre de personnalités qu'il faut pour supporter les Bloody
Willow valide sa partie, nous validons la nôtre avec grand plaisir

✪ Se recenser : La première étape et sans doute la plus essentielle sera de te recenser pour le mois en cours grâce à ta fiche de présentation.
✪ Remplir son profil : Nous te conseillons de bien compléter ton profil et ajouter les liens menant vers ta fiche de présentation, moodboard, suivi personnage etc.
✪ Créer des liens : Tu peux ensuite créer ton casier judiciaire qui va te permettre de suivre l'évolution de ton personnage et créer des liens.
✪ Les petits plus du forum : Pour finir, nous t'invitons à te pencher sur le système de points du forum qui offre quelques petites choses qui pourront peut-être t'intéresser.

Bon jeu.