willow sutterland - serial monogamist

moral of the
((story))


coup de foudre après la tempête : les sutterland avaient tout perdus, la richesse et la reconnaissance, exilés au Texas pour oublier les monstres de fraude dans le placard. Willow trouve sa place, petite poupée blonde, archétype de l’américaine de bonne famille, désormais coincée dans une bourgade sans avenir. Rêve de l’Ivy League avant de percuter Pablo dans un couloir du lycée. Un an de plus qu’elle, ses yeux sombres et ses mèches en bataille, il n’en fallait pas plus pour qu’elle succombe, amour adulescent qui se transforme en addiction. Vilaine tache sur l’arbre généalogique, mise de côté à cause de ses fréquentations regrettables, qu’on oublie la princesse aux mèches dorées, elle se transforme en . Pablo traine dans de drôles d’endroit, Willow toujours à son bras, trophée aussi vif que délicat, elle tire mille rires à ceux qui n’esquissent presque jamais un sourire.


Susurre entre sa langue habile des mots doux qui la font sourire : Pablo est beau, et beau parleur, elle s’envole sur un nuage dès qu’il souligne comme sa taille est fine, et ses courbes sont tendres. Willow est sublime, sous ses cils, mais Willow est un peu vide. Fini, les dessins qu’elle aimait tant crayonné, depuis qu’il lui a dit que l’art était inutile. La blonde veut être divine entre ses mots, et chasse le naturel sans qu’il ne revienne au galop. A travers les portes, elle entend pourtant les soupirs de la famille de Pablo – Il va la détruire, et la princesse perdra tout son éclat au rythme des tromperies.


la tête se baisse lorsqu’elle les croise dans la rue, ses parents refusent même d’entendre son prénom : Willow est devenue une paria qui garde le nom sutterland. Elle trépigne à l’idée de chasser le patronyme pour embrasser celui de son amant, vivement, qu’enfin, elle respire à nouveau. Son refuge sent le pétrole, mais il leurs appartient : une station service défraichi, qu’ils remettent en état dans les cris et les pleurs. Willow ne comprend plus Pablo, Willow ne connait plus Pablo. A son doigt, la bague brille autant que ses larmes quand il l’abandonne encore au profit d’un mensonge mal déguisé.


— Elle est enceinte, Willow. Je l’aime, tu sais, balance Pablo comme s’il ne brisait pas le coeur de Willow en mille morceaux.

L’anneau tombe au sol dans un bruit léger, et elle y voit son palpitant en miroir. Il part, s’échappe, fuit les Pobre Diablo pour le bien de son enfant. Il l’abandonne, parce qu’il en aime une autre, pour un temps. Adieu à l’ange, il s’est mué en démon. Willow troque sa chevelure d’enfant parfaite pour un noir de jais de circonstance : elle enterre dès à présent tout espoir de mariage et de convenance.





— On t’attend pour le diner, mercredi soir, lance Abuela sans attendre de contestation.

Plus aucune larme à sécher, Willow est si bien entourée. Son coeur ne bat plus comme avant, mais dans l’angoisse, sa famille loin du sang s’est révélée être éternelle. On la protège, Willow, comme si elle portait un nom mexicain. On l’aide, Willow, même quand elle n’a rien à faire là. Parce qu’au moins, il lui a laissé ce pour quoi elle a tant travaillé, et personne ne soupire lorsqu’elle rappelle qu’elle est la cheffe, là bas. Les seules messes basses qui se trament, sont dans les enveloppes gonflés de billets qu’elle transforme pour les Pobre. Elle n’avait pas besoin de Pablo, Willow. Mais Pablo avait besoin d’elle pour briller. Désormais, il vit dans les ténèbles, quand elle est entourée de lumière.


— Elle est vraiment canon. Genre, vraiment canon. Mais bon, ça reste la nana de Pablo, soupire un biker penché sur le bar.

— C’est vrai qu’elle est canon. Mais tu te trompes, c’est plus la nana de Pablo. Du coup, tu comptes te la faire ou pas ? provoque Willow en tapant sur l’épaule du pauvre garçon.

Elle se délecte de le voir se décomposer, pris sur le fait. Willow est libre, et la saveur de cette sensation est la meilleure qu’elle n’est jamais connue. Elle ne coulera pas dans les bras de ce prépubère qui n’ose pas l’aborder par peur d’un fantôme qu’elle a effacé, au même titre que sa famille l’a fait.





— On est pas ensemble, précise Willow en soupirant de plaisir.

— Je sais, tu me le rappelles dès qu’on baise, râle-t-il en caressant son flanc.

C’est peut être parce qu’elle est terrifiée, Willow. Ca fait trop longtemps qu’elle ne couche qu’avec lui. Et il n’a pas besoin de lui avouer que la réciproque est vraie : c’est addictif, elle n’a rien connu de tel. Tout est si facile qu’elle n’a peur de rien, dans ses bras. C’est encore plus effrayant de se dire que ça risque de se finir, et qu’elle se sentira à nouveau seule après. Les hommes sont de passage, contre sa peau, pourtant, il s’insinue encore et encore et elle en réclame après lui. A croire qu’il sait qu’elle n’est qu’un animal blessé, il attend après elle quand elle se sent dépassé, ou la noie d’un orgasme ou deux pour qu’elle pense à autre chose. Il est trop doué pour son bien, et ce qui nait dans le palpitant de Willow la fait déraper : hors de question de se perdre à nouveau pour un homme.


Elle observe les deux barres sur le test de grossesse, et la panique la dévore.

Putain. Putain. Putain.

C’est pas censé arriver. Elle fait attention, elle prend sa pilule aussi religieusement que possible, elle fait même une petite prière au passage, pour que le bon Dieu ne se joue pas d’elle. Elle aurait du le laisser là où il est, parce qu’il s’est apparemment dit que ça serait une bonne idée. Elle n’a pas d’autre choix, avant même de savoir ce qui est au fond de son ventre, sa décision est actée, mais loin d’être une promenade de santé : depuis un an, on l’a privé de son choix, ce qu’elle veut faire est illégale. Et elle connait la personne parfaite pour ça.

— Doc ? J’ai besoin d’aide, dit-elle d’une voix tremblante au téléphone.


Appels manqués : 16.

Elle supprime les notifications sans regret, couchée dans le lit de fortune que Doc lui a concocté. Willow n’a jamais été autant reconnaissante de quelqu’un. Il l’a sauvé, de tant de façon possible. Doc n’a jamais posé de questions, n’a jamais insisté. Il lui a demandé une fois s’il devait prévenir quelqu’un, lorsqu’elle était au plus mal, mais elle n’a jamais accepté : IL ne sera jamais au courant. Le destin l’a punie de s’être attachée. On ne l’y prendra plus, promis, juré.

Bienvenue à Clifton

Ecorchée vive et le cœur en miette, c'est une poupée au caractère bien trempé qui se profile dans le coin. Elle a su faire sa place dans un monde qui n'était pas le sien, creuser son trou bien loin du terrier familial. Elle est terriblement touchante Willow et ça va être un plaisir de la voir évoluer.    

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