Theodore Zane - Anatomie d'une chute

"Un roman n’est pas la vie, un auteur n’est pas un personnage"
"Grâce à Dieu"
((Careful what you wish for))

Fils unique. Enfant qui aurait pu être pourri gâté par Papa et Maman. Mais non. Juste assez pour avoir l'affection des parents. Jamais trop, évitant ainsi de faire du gosse un vrai connard. Enfant qui baigne dans une atmosphère propice au développement. Les parents à la maison le soir, le rituel du coucher, une fois par semaine le petit goûter avec les grands-parents que ce soit du côté de Papa ou de Maman. Tout était parfait. Il avait quelques amis, pas beaucoup, jamais trop. Juste quelques uns qui suffisent à faire sourire, à faire sortir l'après-midi. Juste assez pour s'amuser, à jouer aux pirates dans la rue.

Et puis y'a le premier déménagement, papa a été muté et avec maman on a suivit.

Difficile pour un enfant de s'habituer à une nouvelle vie lorsque les parents ont eux aussi du mal. Maman ne retrouve pas de travail et Papa dit que c'est mieux qu'elle reste à la maison, pour s'occuper du petit Theo. Theo, lui, il ne comprend pas mais il est content de voir tous les jours sa mère à l'école, au parc, de partout. Il est petit, Theo, il ne comprend pas que Maman, elle a besoin de travailler, de sortir, d'avoir elle aussi des amies avec qui parler. Papa, lui, il commence à se faire absent, mais pas parce qu'il se fait sa secrétaire, oh non, il aime bien trop son épouse pour ne serait-ce que penser regarder ailleurs, il croule juste sous le travail. Il rentre tard le soir, il est épuisé mais il tient quand même son rôle de chef de famille. Famille Zane qui n'a rien à envier, tout se passe bien. Pas de père qui trompe son épouse, pas de mère alcoolique. Pas de disputes ensanglantées entre adelphes.

Un an, tout au plus, c'est le temps que la famille reste à Philadelphie. C'est dur pour un enfant de se faire des amis, surtout quand le gosse n'est pas un animal sociable. Il peine à se faire des copains, il peine à garder les anciens copains dans sa vie, parce qu'il n'aime pas écrire des lettres - il a une écriture de merde. Déjà une écriture de médecin à en croire ses professeurs - parce qu'il n'aime pas avoir des coups de fils super long, ça l'angoisse. Theodore, c'est un petit anxieux de première.

Et puis y'a le second déménagement, on a changé de ville sans que je ne sache pourquoi.

Nouvelle ville, nouvelle vie, nouvelle école. Et cela ne se passe pas aussi bien. C'est de plus en plus compliqué. L'adolescence frappe à la porte. Elle prend tout, ravage tout sur son passage pour ne laisser que des doutes à la place des certitudes. Pour laisser une impression de gêner, de ne pas être à sa place, d'être au milieu, de ne pas avoir de valeur. Theo, il n'en parle pas à ses parents. Il n'en parle pas parce qu'il a peur que ça empire. Il se fait ses premiers cheveux blancs, alors qu'il n'a que 13 ans. Il voit les jolies filles partir avec les mecs qu'il aime bien. Se demandant si ce ne serait pas plus simple s'il était une gonzesse, pour plaire à Sean ou à Richard. Il découvre que ce n'est pas les nanas qui l'attirent et il a peur. Très peur, de sa petite adolescence, de ne pas être normal. Après tout, on lui a toujours apprit que c'était Adam et Eve. Homme et femme. Pas l'inverse. Alors il refoule. Il prit le dimanche, en demandant rédemption et soins au Seigneur sans savoir que le Seigneur à bien dit d'aimer son prochain, sans distinction et que ce n'est pas l'homosexualité que le Livre Saint condamne mais le manque de consentement dans une relation et l'inceste. 6 mois avant le prochain déménagement. Sans savoir pourquoi, encore une fois. Changement d'école. Nouvelle ville, nouvelle école et ce gars qui avait tout pour plaire.

Troisième déménagement, le lycée.

Sans savoir pourquoi, encore une fois. Changement d'école. Nouvelle ville, nouvelle école et ce gars qui avait tout pour plaire. La première relation, la première fois, la première impression de réellement compter pour quelqu'un d'autre que ses parents. Mais ça n'a pas tenu. Parce que cela n'est pas normal, pour un garçon d'en aimer un autre. L'impression que tout allait bien pourtant. C'est une tromperie d'adolescent qu'il aime dire en haussant les épaules. Il l'a vu, avec cette nana, cette pompomgirl. C'est cliché, il le sait, mais ça fait quand même mal. Alors il se tait, il refoule, encore. Lui qui pensait pouvoir lui faire confiance. Ce qu'il a vécu avec lui est devenu le centre de l'attention des élèves du lycée. Au début, c'était des petits mots dans le sac, dans le casier. Au début. Puis c'est aller bien plus loin. Des insultes en face, des coups, même de sa part à lui. Il en pleure, seul, dans son coin, le jeune Theo. Il pleure car sa confiance en lui se fait piétiner chaque jour. Au point que lorsque certains "camarades" lui souhaitent la mort, il y pense vraiment. Et si tout ça, c'était de sa faute ? Et s'ils avaient raison ? S'il ne serait pas mieux mort ? Cela continue, il ne dit rien. Un pénis dessiné à la craie dans le dos de sa veste. De la peinture lancée en pleine face, de la farine, des œufs, de l'eau. Il connaît tout.

Jusqu'à l'explosion. Il explose, le fils Zane. Il hurle à en tousser, à en vomir. Et ce sont ses parents qui sont appelés car il s'est permit de menacer un de ses camarades, il s'est permit d'en frapper un autre, de ras le bol. Scène d'une extrême violence. Devinez quoi, ce n'est pas un cliché ambulant. Ses parents ne l'enguirlandent pas. Enfin si, juste parce qu'il n'a pas parlé, pas parce qu'il s'est défendu. Il ment à sa mère, droit dans les yeux, en lui promettant que si cela continue il en parlera. Cela a continué. Et il n'a pas parlé. Il a préféré s'enfermer. D'abord  sur lui-même avant de penser réellement à mettre fin à ses jours. Son père, il a une arme, sans coffre. Ce serait si simple de prendre le canon contre la tempe, contre le poitrail, entre les dents. Mais il a peur de se louper. Il faut du courage pour affronter la vie, encore plus pour mettre fin à ses jours. Il a pensé à l'alcool que ses parents gardent pour les invités. Mais il ne gagnera rien si ce n'est une bonne grosse gueule de bois. Alors c'est le bain. C'est le bain, un soir, après un repas convivial avec sa famille, avec des sourires, des rires. Avec des blagues. C'est après un repas normal qu'il se plonge dans l'eau chaude, qui attrape le couteau de cuisine de sa mère, celui bien pointu, aiguisé très récemment. Il est pas con, il se spécialise déjà dans les sciences, il sait que s'il veut vraiment en finir, c'est de haut en bas, du poignet à la pliure du bras. "Putain, ça pique cette merde." Oui, Theodore, ça pique. La lame glisse contre le sol, les bras dans l'eau. Un souffle, une larme. Il est décidé et regrette déjà. Mais le jeune homme doute pouvoir faire marche arrière. Le cri déchirant de la mère apeurée qui découvre la bouille endormie de son fils dans l'eau du bain. Corps gelé sorti, l'aller simple gagné pour les urgences. Il passe devant beaucoup de monde, tentative de suicide, le regard suspicieux de l'interne sur la mère en panique. Parfois, les adolescents tentent de mettre fins à leur jours à cause de leurs parents justement. Mieux vaut prévenir que guérir. Soins d'urgences donnés au gamin approchant des 17 ans. Bras désinfecté, recousu. La peau tire, la peau fait mal. Vérification toxicologique. Rien à déclarer de ce côté là. Le réveil dans la salle de réveil à la température froide, dans le coltard complet. Theodore ne sait pas où il est, ni comment il a fini dans cette tenue plus qu'absurde. "J'suis mort ...?" Une infirmière passe et ricane sans méchanceté avant de lui répliquer que non, qu'il a failli mais qu'il est bien en vie. La déception dans le regard du jeune homme, dans sa petite moue encore épuisée par ce qu'il vient de s'infliger. Perfusion sanguine pour renflouer le corps, une chance dans sa petite vie d'être compatible avec ses parents.

Il a plus qu'inquiété ses parents, il ne parle pas. Il ne parle plus pendant des semaines. Sa concentration focalisée sur les cours qu'il manque, sur les paroles des autres adolescent.es, sur ce qu'il se dit à lui-même. Il aime se détester, sans doute plus qu'il n'aime vivre. Il se tourne les pouces, regarde son bandage, ses pansements, chaque jour et essaie. Il essaie vraiment de parler, mais rien de ne sort. Alors il finit par faire comprendre à sa mère qu'il veut un carnet et un stylo, pour se faire comprendre plus facilement, pour pouvoir communiquer. Etant donné que la parole ne semble pas lui revenir. Lorsqu'elle lui apporte ce qu'il demande, Theo commence à écrire. Enfin, écrire, il commence à griffonner parce qu'il a toujours eu une écriture en patte de mouche illisible. C'est d'ailleurs un reproche qu'on lui fait souvent en cours, l'écriture dégueulasse. Il écrit pour se faire comprendre. Il explique avec des mots maladroits ce qui se passe. Evitant soigneusement de parler de sa relation amoureuse. Maman est plus que religieuse et Theodore a peur de sa réaction. Il parle que du harcèlement à l'école, des mots, des dessins, des coups, des insultes. Il ne parle pas du reste et sa mère pense que c'est dû à ses notes. Elle ne saura jamais le réel déclencheur de cette histoire.

Premier déménagement seul, pour les études, j'ai peur, mais ça va le faire.

La solitude tape fort derrière le crâne. Elle arrive, elle attrape la gorge et empêche de respirer. La joie de trouver l'indépendance, l'appréhension de la nouveauté. Premier déménagement seul, première fois livré à lui-même. Encore un contact avec ses parents, par texto, par appels. Le sourire le soir, quand il raconte sa journée, pendant qu'il se fait à manger avant de s'écrouler sur son canapé. Une chambre ? Pour quoi faire ? Quand on peut s'échouer tel cachalot sur la place sur le sofa du salon. Parents montrant de l'indifférence face au choix de carrière de leur enfant. Ils sont fiers. Et auraient été fiers quoi que Theo ait choisi de faire de sa vie. Les cours sont longs mais intéressant, médecine générale pour commencer avant de commencer à se spécialiser dans la chirurgie. Chirurgie orthopédique et traumatologique. Futur chirurgien de l'appareil locomoteur. Os, tendons, nerfs, ils n'ont presque plus aucuns secrets pour le fils Zane qui trouve comme son petit paradis avec un collègue d'université. Deux rats de bibliothèque, deux introvertis, deux gars que la vie n'a pas épargnée. Les regards échangés, les petits sourires, les petits rires. Les repas ensemble le midi. C'est comme cela que tout a commencé avec Alexis. Puis Theo a dormi une nuit dans la chambre d'Alexis. Puis ce fut l'inverse. Et de fil en aiguille, les deux ont fait autre chose de leurs nuits que jouer au Scrabble.

Alexis est un soutiens pour la suite des études. Il ne sait pas à quel point il redonne confiance à Theo, il lui donne la force de se lever le matin. Le sourire au réveil, la voix encore endormie, le regard mi-clos, le baiser sur le front, c'est que Theo se croit presque au paradis. Est-ce qu'il y aura droit ? Il a un doute. Même si Sodome et Gomorrhe, contrairement à ce que l'on peut penser, ne condamne pas l'homosexualité mais les pratiques sexuelles immorales, Theo a toujours l'appréhension de ce qu'il a apprit petit. Mais avec Alexis, il a l'impression que c'est différent. Que c'est fluide, que c'est normal. Tellement normal que l'histoire d'amour prend fin à la fin des études. En bon terme. Alexis reste une personne très importante aux yeux de Theo, ils gardent contact avec plaisir, avec assiduité. Malgré la capacité spéciale de retardataire de Theo, il parvient à conserver un lien avec Alexis, même à l'autre bout du pays.

Second déménagement seul, j'arrive à Clifton pour trouver du travail.

L'arrivée sur le sol de Clifton. Le dernier déménagement, ce qu'il espère. Il est jeune, Theo, enfin, jeune, on ne dirait pas avec sa chevelure grisonnante depuis son adolescence. Il a une petite trentaine, il termine à peine ses études lorsqu'il foule pour la première fois le sol texan. C'est différent. Il le sent, il le sait. Il se gratte le poignet en entrant dans son nouvel appartement. Un petit truc pas dégueu mais pas aussi grand qu'il aurait pu espérer. Il pose ses affaires et trouve plutôt rapidement un poste à l'hôpital de Clifton. Il débute mais cela ne fait pas peur à l'hôpital. Il n'est jamais lâché seul durant les premières années. Il prend ses marques, que ce soit à l'hôpital comme en ville. Malgré sa tendance au retard, malgré sa tendance au bordel organisé, il fait partit des bonnes bouilles qui s'occupent des parents avec bienveillance. Il veille à l'aise de ses patients et patientes. Il veille à ce que tout se passe bien.

Quelques regards, quelques nuits en dehors de ses draps, dans les draps d'un autre. Quelques soirées le nez dans les verres d'alcools, dans le whisky et le rhum. Quelques nuits à s'oublier, à oublier les problèmes, jamais si des opérations sont programmées le lendemain. Parfois il reste à l'hôpital, il erre dans les couloirs telle une banshee perdue. Il rassure les patients qui ne trouvent pas le sommeil sans pour autant pouvoir le trouver lui-même. C'est ainsi que commence l'addiction à la morphine. Parce qu'elle est simple d'accès, parce qu'il connait sur le bout des doigts son effet, son efficacité. Au début, il fait attention, il dose, il y va doucement. Puis lorsqu'il sent que cela ne donne plus l'effet escompté, il augmente la dose, il change, il ne prend plus les patchs, il passe aux sucettes, qu'il peut avoir toute la journée. Des douleurs physiques ? Non. Des cauchemars récurrents qui empêchent de dormir. Certains diraient qu'il devrait plutôt prendre de la mélatonine ou des somnifères, pas se détruire à coup de petite sucette rouge à la morphine. Mais il s'en fiche. Il est têtu Zane, estimant qu'il en a déjà bien chier dans sa vie pour pouvoir, à son pas si jeune âge de 32 ans, gérer ses insomnies tel qu'il le souhaite.

Une intervention plus que délicate. Jeune personne se retrouvant sous les jeunes mains bien que déjà habiles du chirurgien Zane. Il s'occupe du patient avec une grande - peut-être trop grande - rigueur, veillant à passer voir l'opéré à la suite de son réveil, prendre de ses nouvelles, voir comment il se sent. Professionnalisme qui n'est pas bien vu de tous et de toutes au sein de l'hôpital, membre de la famille d'un des Pobre Diablo. En toute honnêteté, Theo s'en contre fiche, il n'a fait que son travail et si aux yeux de la loi, chacun et chacune à droit à un procès équitable, aux yeux du médecin, chacun à droit aux mêmes soins. Que vous soyez le bon, la brute ou le truand de l'histoire. Theo ne fait aucune distinction. Sans le savoir, il venait d'obtenir une faveur de l'un des membres du gang réputé dangereux de la ville.

Le quotidien s'installe dans une routine qui n'a aucun sens. Routine sans routine. Même si le café est prit chaque matin à la même heure, même si le réveil sonne toujours à la même heure, ses journées ne se ressemblent en rien. Il ne sait jamais à quelle heure il va rentrer, ce qu'il va voir. S'il va réussir ce qu'il entreprend. Et y'a eu ce soir, être au mauvais endroit au mauvais moment. A croire que c'est souvent le cas pour le fils Zane. Un noir, un manque de souvenirs. Il n'a toujours pas tout retrouvé. Il sait juste qu'il s'est réveillé sur un lit, pas le sien, pas celui d'un ami, encore moins celui d'un amant. Douleur lancinante dans le dos. Il ne comprend pas. Theo ne parle plus. Il ne parvient pas à aligner trois mots. Il ne parvient même pas à bouger. Dos brûlé, soigné avec les moyens du bord. Le visage qui se dessine sous son regard. Son visage, il reste gravé dans la mémoire du chirurgien. Un sauveur ? Un sauveur à l'allure de truand. "Merci ..?" Les premiers mots que Theo parvient à souffler. Il n'est pas certain de tout comprendre. Il souffle, l'homme en face, que pour l'instant, il n'y a rien à comprendre. Pas si curieux, Zane ne demande plus rien si ce n'est de dormir. "J'vous en dois ... une ..." qu'il souffle avant de s'endormir.

Nouvel appartement, Clifton, la vie sauve mais à quel prix.

Appartement rasé par des flammes. Il n'y a plus rien. C'est la douche froide pour Theo. Il ne se souvient de rien, rien ne veut revenir. Il va bien. Il croit qu'il va bien. Un suivit psy ? Oui. Il en a un. C'est nécessaire. Il ne parvient pas à expliquer ce qui ne va pas. C'est compliqué de le remettre sur les railles du travail. Nouveau chez lui, c'est neuf, ça empeste le neuf, cela ne lui plait pas. Il a perdu tous ses repères. Avec l'aide de son thérapeute, il essaie. Il ne mentionne pas à la personne qui l'a sauvé. Ne connaissant pas son identité mais ayant reconnu le logo dans le dos de la veste, les couleurs portées. Ayant reconnu les traits tirés de l'homme au chevet d'un patient qu'il a eu il y a quelques temps, un de ses premiers patients dont il s'est occupé comme s'il s'agissait d'un membre de sa propre famille.

Des mois, un an peut-être, avant de pouvoir complètement reprendre le travail.

Toujours cette sale marque dans le dos, cette trace d'une histoire dont il n'a toujours pas le fin mot. Un incendie criminel dans l'appartement adjacent. Theo n'est qu'un dommage collatéral dans l’histoire, comme bien souvent. Un souffle, un bruit derrière la porte. Corps raide d'anxiété. Il ouvre la porte en douceur, l'air presque perdu. "J'peux ... vous aider ?" Un vague souvenir de cette trogne. Celle du truand au chevet du patient. Le père, le frère, peu importe, un proche. Oui, il peut aider. Il a besoin d'aide. De son aide de médecin. C'est comme ça que tout à vraiment commencé entre Zane et les Pobre Diablo. La confiance se gagne au fil du temps, au fil des dix années de bons, loyaux et surtout les services discrets. Theo est discret, il ne fait pas de bruit, il ne parle pas plus que cela. Theo, il respecte les demandes, il aide dans le dos de sa propre profession. Pourri sans pourriture. Morale biaisée pourtant éclairée par cette volonté toujours présente d'aider son prochain.

+ Willow