Lilian Parrish - A little bit found, a little bit don't know where I am

Tell me I’m a good boy
((atmosphère sonore))
Il a quatre ans. Il ne s’en souvient plus vraiment, il n’y a que des images confuses : son père au visage fermé, sa tante en pleurs, la porte de l’entrée ouverte, ses quatre frères silencieux.

Il a quatre ans et demie et la jolie dame blonde vient habiter à la maison, lui dit son père. Il demande où est maman. Son géniteur pince les lèvres, la dame détourne le regard.

Il a huit ans et sa belle-mère le surprend à écouter la cassette laissée par sa mère, encore, comme toujours quand il va mal. La bande commence à s’user maintenant, la voix grésille et s’efface. Bientôt il n’aura plus rien pour se rappeler qu’elle a existé, qu’elle lui a dit qu’elle l’aime, qu’elle sait qu’il aura une belle vie, qu’il est son petit ange, son rayon de soleil. Bientôt il n’aura plus personne pour le réconforter quand il rentre de l’école avec des bleus et des bosses, quand il se dispute avec son père ou la nouvelle femme qui a remplacé maman. Ca fait longtemps maintenant, mais ça ne change rien : il n’accepte pas l’injustice, Lilian, et c’est injuste qu’il soit orphelin sans souvenirs de l’amour d’une mère alors que ses grands frères, eux, ont tous eu le temps de la connaitre avant de la perdre.
Il est difficile comme enfant. Il se bagarre déjà. Il ne parle pas. La maîtresse a suggéré qu’il avait peut-être besoin de voir un psychologue mais on fait pas ça chez les Parrish. Il a eu un chien à la place.

Il a quelque chose comme dix ans, une planche de skate dans les mains, l’arcade sourcilière qui cicatrise à peine. Il y a d’autres gamins de son âge qui font les cons avec leurs propres planches mais il sait pas trop comment les aborder, alors il passe quelques jours à rien leur dire avant de se décider. Ils font des figures. Ils font des conneries. Lilian rit enfin, pour la première fois depuis longtemps.
Il a moins de problèmes à l’école, c’est juste parce que les autres sont plus rusés. Il apprend à être moins direct dans sa rébellion. Il apprend plein de choses avec eux, des bonnes et des moins bonnes, mais surtout à être aimé et à aimer en retour.

Il a douze ans. Sur le lit, sa belle-mère est frêle comme quelqu’un qui va mourir, résignée à essayer de partir dignement. A croire que son père est un carcinogène, à avoir eu deux femmes emportées par la maladie comme ça… Ce serait le bon moment pour essayer de se réconcilier avec elle mais il n’y arrive pas. Il ne sait pas comment faire. Il y a un mur entre lui et elle, quelque chose qu’il a construit et qu’il ne sait pas démolir, alors il est assis en silence près du lit et il regarde par la fenêtre en attendant que le temps passe.

Il a quinze ans et il attend qu’on vienne le chercher dans le commissariat. Il y a des types bien plus dangereux que lui ici, ceux avec des vestes de cuir noir et des tatouages plein les bras, mais il faut croire que la maréchaussée de Clifton a le temps d’arrêter un ado qui fait des donuts dans un parking désert.
C’est son plus grand frère qui vient le chercher, l’air sévère devant les policiers, un rire au fond de la gorge dès qu’ils sont sortis du commissariat. Il va te falloir une meilleure voiture, qu’il lui dit en le ramenant à la maison, si tu veux pas qu’il t’attrapent la prochaine fois. Lilian répond en montrant toutes ses dents dans son sourire.

Il a dix-neuf ans et il ne mettra plus jamais les pieds dans une école. L’université ne l’a jamais intéressé, et puis il n’a pas les moyens, et puis de toute façon ça ne se fait pas dans sa famille. Non, il ne va pas prendre son envol et étudier Dieu sait quoi sur la côte. C’est pas son genre.
Il va travailler dans le ranch, comme son père et ses frères. Il ne voit même pas d’autre option pour son futur.

Il a vingt-et-un-ans et son père lui donne les clés d’une des dépendances de la ferme, une petite maison qu’il faut retaper. C’est son cadeau de majorité, offert en silence mais avec un hochement de tête qui veut sans doute dire “je t’aime, fils”, en langage de papa taiseux.
Il y a une chambre, une cuisine et un salon et beaucoup de toiles d’araignées dans sa maison, mais c’est largement suffisant pour Lilian. Il passe ses soirées à bricoler pour rendre l’endroit plus confortable et franchement, ses efforts paient. Il peut même y inviter ses amis pour descendre des bières et refaire le monde autour d’un feu de bois et au fond, est-ce que c’est pas ça le bonheur ?

Il a vingt-cinq ans et avec ses économies, il s’est acheté la voiture rapide qui va lui permettre de faire encore plus de conneries sans se faire attraper. C’est une Camarro, elle est rouge avec des bandes blanches, elle est presque aussi vieille que lui mais elle est en bon état. Son premier trajet c’est avec ses amis sur les places passager, bien sûr, la musique à fond et le vent dans les cheveux. Pendant quelques heures, il n’a pas besoin de penser. Il fait rugir le moteur. Il chante à tue-tête. Il est heureux.

Bienvenue à Clifton
Lilian le taiseux, mais dont le cœur bouillonne si fort. On ne peut qu'avoir hâte de le voir évoluer parmi nous. Je t'ai déjà dit tout ce que je pensais de cette fiche, de la manière dont tu as réussi à manier les mots pour qu'on le cerne tout de suite. Je te souhaite officiellement la bienvenue parmi nous.  

" Pour commencer, nous te conseillons de bien compléter ton profil et ajouter les liens menant vers ta fiche de présentation, moodboard, suivi personnage etc. afin de faciliter les choses pour les autres joueurs.
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Bon jeu.