JEAN LOWE - I've been running on stardust

"ta citation ici"
((atmosphère sonore))
Clifton, Mars 2000

" 'Lut gosse de riches." Elle reconnaît la voix, relève le visage, tout sourire. Assise dans les escaliers du gymnase, en tenue de sport, sandwich à la main, elle prend le temps d'avaler avant de simplement rétorquer : "l'hôpital qui se fout de la charité." Un rire échappe au grand blond qui l'embrasse sur le haut de la tête, puis s'assoit entre ses genoux et en profite pour lui voler un croque dans son pain de mie garni de crudités, mayonnaise et bacon. S'ensuivent des banalités sur leur matinée, les cours qui se sont déroulés, la dernière interro loupée, tandis que le groupe de pom-pom girls s'échauffe sous leurs regards curieux.
"Lowe, tu fais quoi ce weekend ? On se voit ?" demande-t-il en la suppliant du regard. Elle passe sa main libre sur sa joue. "Beth a besoin d'un coup de main avec son p'tit, Clyde. Elle a repris un job, tu sais, depuis qu'elle s'est barrée avec Mason, elle a plein de choses à gérer". Le visage de Cody se renfrogne instantanément. "Tu vas garder son marmot au lieu de passer du temps avec moi, c'est ça ? Ca fait deux weekends..." Pure rhétorique, Jean ne prend pas la peine de formuler une réponse à cette question, elle poursuit. "Et le soir, je dois accompagner mes parents à je sais plus quelle réception en ville; tu sais, il y a ce nouveau restaurant qui a ouvert... Mais dimanche, je serai là pour ton match. Promis." Voyant que sa mine renfrognée ne change pas, elle soupire puis se penche en avant, sa bouche près de l'oreille de son petit copain. "Avec un peu de chance, je pourrais me faufiler chez toi samedi soir." Un sourire étire les lèvres de l'adolescent capricieux. "Débrouille-toi pour que la chance soit de la partie."


Denver, Février 2012

"Tu sais où je peux trouver Elijah ?" L'adolescente qui lui fait face la dévisage, avant d'hausser les épaules, et lâcher d'un air désinvolte : "sûrement sur le terrain de basket", avant de s'en aller sans demander son reste. Depuis Janvier, Jean tente de convaincre ce géant de terminale de lui accorder un peu de son temps, afin de l'aider. Elijah, c'est la tête brûlée en classe, le gosse qui manque de cadre à la maison; une mère célibataire, fraîchement séparée de son dernier petit ami, qui laisse ses enfants se dépatouiller dans un monde qui les dépasse. Elijah est l'aîné de la fraterie, celui chargé de faire les courses, s'assurer de la sécurité de ses petits frères et petites soeurs. Le seul moment où il pense à lui est l'instant où il enfile ses baskets, ses immenses shorts et qu'il envoie des slam dunks qui font hurler ses copains sur le terrain. Il est bourré de talent au basket : il rêve de NBA, mais l'école...

Essoufflée après sa course jusqu'au terrain en question, Jean reste derrière le grillage à l'extérieur du terrain, sur le côté, sans bruit. Étonnamment, ils ne sont que trois adolescents à se défier en face du panier. Elle reste de longues minutes à observer Elijah, plongé dans son élément, si bien qu'il ne la remarque à aucun instant.

C'est finalement au moment où il va se désaltérer qu'elle l'intercepte volontairement. Aussitôt, sans un mot, il lève les yeux au ciel, sa moue traduisant sa pensée. "Je te regarde depuis un p'tit moment. C'est dingue, je pensais qu'on avait rendez-vous dans ma salle de classe, mais j'ai dû me tromper, ça devait être ici...". Elle réussit à lui soutirer un demi sourire. "Je sais Mlle Lowe... Je sais ce que vous allez me dire, mais..." Elle l'interrompt : "Je ne veux aucune justification. Tu enfiles ton sweat, et tu me suis." Il ouvre grand ses yeux, tout en la toisant de ses deux mètres et quelques. "Mais mademoiselle Lowe ! Il est bientôt 19h, faut rentrer chez vous." Elle se retourne, les sourcils froncés et l'air outré : "Parce que maintenant tu penses en plus être en mesure de me dire ce que je dois faire, Elijah ? Pas un mot de plus, je sacrifie ma soirée pour toi, mets en route tes grandes jambes et suis-moi. Et je ne veux rien entendre. On a un dossier d'entrée à l'université à bosser."


Clifton, août 2018.

Clac. Le coffre de la voiture est verrouillé, son gros sac de voyage à l'intérieur. Jean voyage léger quand elle vient rendre visite à ses parents au ranch familial. Après avoir passé une petite semaine auprès d'eux, il est déjà temps de retourner chez elle, à Denver. Elle est passée par les box, afin de saluer chacun des protégés de sa mère, dont sa vieille jument, qu'elle montait quand elle n'était encore qu'une lycéenne.
L'odeur du foin et des chevaux sur sa chemise, elle retourne embrasser son père et sa mère avant de démarrer la voiture.

Un stop à la station service s'avère nécessaire. Casquette vissée sur la tête, l'essence coule à flot dans le réservoir, et Jean se perd dans ses pensées jusqu'à ce que le signal bloque l'écoulement du carburant. Un coup d'oeil à l'écran pour vérifier le montant, elle fouille dans la poche arrière de son jeans, en tire deux billets de vingt dollars et entre dans la petite bicoque où se trouve la caisse. L'échange se passe rapidement, elle repart avec une bricole à grignoter pour le trajet, mais s'arrête net à peine a-t-elle poussé la porte, sa bouche s'entrouvre, les mots ne viennent pas immédiatement. Le regard que lui adresse Tig s'adoucit alors qu'il reconnaît le minois planqué sous la visière. "Jean Lowe. Ça faisait un moment que je t'avais pas croisée dans le coin." Elle retrouve de sa superbe et ses mots. "Quelques années tout au plus. Mais je suis sur le départ." Alors qu'elle s'avance pour s'extirper de ce tête-à-tête, Tig attrape son avant-bras et marmonne : "Une minute.", avant de subitement disparaître derrière la porte. Reprenant ses esprits en se pinçant l'arête du nez, visage tourné vers le sol, Jean s'avance d'un pas sûr vers sa voiture. Ce n'est pas une bonne idée. À peine a-t-elle posé la main sur la poignée de sa portière qu'elle entend son nom. "Viens boire une bière. Ça fait longtemps, sans déconner." - "Je dois rentrer, une prochaine fois." - "T'as vu le p'tit ? " Bien sûr qu'elle l'a vu. Elle relâche la poignée, contourne légèrement la voiture près du capot. "Il commence à avoir ton allure." lâche-t-elle simplement, le ton du reproche dans la voix. "Une bière." Pour seule réponse. Jean soupire. "Une."

(...) Quatrième bière, les pommettes rosies par l'alcool, ses yeux pétillent plus qu'à l'accoutumée. En face d'elle, Tig semble imperturbable. "C'est quoi ça ?" demande-t-il en saisissant sa main, caressant l'alliance qui orne son annulaire gauche, sourire aux lèvres. Elle regarde ailleurs, se refuse à tomber dans son petit jeu, n'accorde aucune réponse à cette question qui n'en est pas une. "C'est toujours le même ?" C'en est trop, elle arrache sa main à son emprise. "Non." finit-elle par répondre pour rompre le silence qui s'étire. L'homme en face d'elle se recule et s'enfonce dans sa chaise, la contemple, son visage n'exprimant rien. "Viens, on va prendre l'air." Sans rien ajouter, elle le suit après qu'il ait posé quelques billets sur le comptoir. Son regard se pose sur les épaules larges qui ouvrent le passage dans la foule du bar et soudain, la fraîcheur de la nuit lui fouette le visage alors qu'ils rejoignent sa voiture. "Quelle idiote..." murmure-t-elle de façon quasi inaudible. Mais, comme s'il l'avait entendue, il se retourne pour lui faire face, un sourire en coin. "Tu peux pas rouler ce soir." Elle secoue la tête, les yeux brillants de larmes prêtes à jaillir, parce qu'elle sait. Il plonge la main dans la poche arrière de son jeans pour lui retirer son trousseau de clés. Et juste avant de l'embrasser sur ce parking désert, lui dit d'un ton neutre : "Tu devrais le prévenir : tu partiras demain."


Clifton, Mars 2024.

Le bruit de pas précipités attire son attention alors qu'elle selle un des chevaux dans l'écurie. Sortant du box, la silhouette de sa mère se détache dans le contre-jour. "Jean, viens m'aider, ton père est parti sur le chemin au-dessus de la maison, il refuse de revenir." Ses sourcils se froncent de tristesse à l'écoute de ces mots. Elle hoche la tête et tend les rênes à sa mère sans prononcer une parole avant de s'élancer en courant sur le chemin en question. Par chance, les véhicules qui empruntent cette route de terre sont rares, le risque que son paternel se fasse renverser est moindre. Après cinq minutes de course à pied, elle le voit, s'éloigner encore d'un pas franc, comme s'il savait où il allait...

"P'pa ! Papa !" lance-t-elle, essoufflée, essayant de l'alerter de sa présence. Mais il ne se retourne pas. C'est une de ces journées horribles, où Arthur Lowe ne se souvient pas qu'il a une fille, ne se souvient pas que cela fait quarante ans qu'il se fait appeler ainsi par Jean.
Elle trottine jusqu'à lui, attrape avec douceur son bras, lui offrant le plus tendre des sourires. "Où est-ce que tu vas ?" Ses yeux verts croisent les yeux bleus de son père, dans lesquels elle lit une détresse et une tristesse nouvelles. Il ne la reconnaît pas, il sait qu'il devrait mais impossible de savoir qui est la jeune femme face à lui. Elle l'observe composer un sourire poli, puis ses épaules se détendent et il lance, joyeusement "Je fais un petit tour par là, je vais voir des voisins." Jean ferme les yeux un court instant, avant de composer à son tour un sourire rassurant. "Je crois que tu m'as déjà parlé de ces voisins, mais il me semble que c'était dans l'autre direction..." Le regard perdu, il acquiesce, et se met à la suivre docilement, la complimentant sur sa gentillesse. Jean s'efforce de meubler la conversation, évitant les questions, mais décrivant plutôt leur environnement, jusqu'au retour au ranch, où sa mère les attend de pied ferme, inquiète.

Soudain, Christian attrape le bras de sa fille, ses yeux transcrivant à nouveau sa vivacité d'esprit : "Oh, Jean... Tu es bien de retour, ça me fait plaisir. J'espère que ta mère a préparé du crumble pour le dessert." Il l'enlace, puis file en direction du parc où gambadent des chevaux, longeant et admirant les créatures qu'ils élèvent depuis tant d'années.
Jean presse l'épaule de sa mère, embrasse sa tempe, avant de récupérer le cheval qu'elle était en train de préparer pour une sortie. Tandis qu'elle passe un pied dans l'étrier et se hisse sur ce nokota d'une docilité absolue, elle observe son père, l'ancien maire de Clifton, et se demande jusqu'à quand il parviendra à se souvenir d'elle.

Bienvenue à Clifton
La douce Jean est bel et bien de retour dans sa ville natale.  La route qui se dessine face à elle est semée d'embûches, mais aussi de défis et de combats qu'elle semble prête à mener. C'est un véritable plaisir de la découvrir à travers ces lignes. Plume toujours aussi légère qui use des mots avec subtilité pour en dégager tous leurs sens. Amuse toi.      

" Pense à bien compléter ton profil, ainsi qu'à ajouter les liens vers ta fiche de présentation, moodboard, suivi personnage etc.
" Tu peux ensuite créer ton casier judiciaire qui va te permettre de suivre l'évolution de ton personnage et créer des liens.
" Pour finir, nous t'invitons à te pencher sur le système de points du forum.

Bon jeu.